Depuis 1315 l’enseignement de l’anatomie était sous la responsabilité d’un professeur qui devait se partager avec d’autres compétences telles la botanique ou la physiologie. L’augmentation des connaissances de ces disciplines n’a pas échappé aux responsables et pour toutes ces raisons il était indispensable de leur donner une autonomie. Toutes le nominations qui vont se succéder feront appel à des candidats déterminés pour magnifier la discipline.
Le 12 décembre 1824, Joseph-Marie Dubrueil (1791-1852) était nommé professeur d’anatomie à Montpellier. Il appartenait au corps des chirurgiens de la marine, et y avait conquis de brillants états de service. Il fut envoyé aux Antilles, en 1818, pour combattre une épidémie de fièvre jaune, et reçut, à son retour, le titre, peu prodigué aux médecins de membre de la Légion d’honneur. Il était professeur d’anatomie à l’École de Toulon, après avoir enseigné à celle de Rochefort, quand Delpech le remarqua et prit l’initiative de le faire nommer à Montpellier. Son entrée dans l’École, nous dit Bouisson, fut un événement. L’anatomie, dominée par des sciences plus aimées, se releva sous l’effort de sa parole ardente, de son zèle infatigable, de son caractère organisateur, de son activité communicative. Le conservatoire, jusqu’alors dénué, se peupla de belles préparations ; l’amphithéâtre anatomique, presque abandonné, se peupla d’auditeurs ; des enseignements particuliers surgirent avec éclat autour de celui qui l’avait heureusement inauguré.
Son talent avait fait naître cette ère nouvelle, et l’histoire détaillée de notre école dira un jour quel effet fut produit ici par l’association de son influence avec celle de ses éminents collègues, Delpech, Dugès et Lallemand.
Pendant la première moitié de ce siècle, l’anatomie a été en honneur dans la Faculté avec Delpech, le célèbre chirurgien qui la connaissait très bien avait été professeur particulier d’anatomie à Paris par autorisation de S. E. le grand maître.
En 1825 Cruveilhier enseignant l’anatomie à Montpellier, fut nommé à la chaire de médecine opératoire sur les conseils de Dupuytren et l’occupa pendant 15 mois. Il fit un travail remarquable sur l’ostéologie et la myologie des batraciens à leurs différents âges ce qui lui valu le grand prix de physiologie de l’Académie des Sciences. Nommé à Paris il publie des études anatomiques en deux volumes paru en 1830 et un Traité d’Anatomie descriptive en quatre volumes, paru de 1834 à 1836 qui connut cinq éditions.
Dugès () publiait, en 1838, un beau traité de physiologie comparée de l’homme et des animaux et se livrait aux vivisections. Lallemand a laissé des traces durables de son passage en des travaux écrits : ses observations originales sur les caractères ostéologiques des races humaines lui valurent la haute et durable amitié de Geoffroy Saint-Hilaire ; ses recherches sur les lésions organiques du cœur et les anévrismes de l’aorte furent très remarquées (Traité des anomalies artérielles considérées dans leurs rapports avec la pathologie et les opérations chirurgicales) ouvrage accompagné d’un bel atlas, 1817), et par lequel l’auteur a montré qu’il était à la fois anatomiste et chirurgien. Son arrivée à Montpellier eut pour résultat de donner une très vive impulsion à l’enseignement de l’anatomie. Ses services furent appréciés de tous. Il fut doyen de la Faculté de 1832 à 1837.