L’anatomie mérite une mention spéciale dans l’histoire de notre École car elle y a été en honneur très précocement. Cette science fondamentale a permis à la médecine de quitter les voix obscures de l’empirisme pour devenir un art rationnel. Dans l’École de Montpellier, au début de son existence, les plus illustres de ses médecins furent des Arabes et des Juifs venus d’Espagne. On se contentait de commenter les ouvrages des médecins arabes, qui n’avaient jamais fait d’anatomie, parce que leur religion leur défendait tout contact avec les cadavres. L’enseignement de l’anatomie a été de toutes les sciences fondamentales celle qui a nécessité la plus grande ingéniosité pour faire face à toutes les interrogations en raison des interdits vis-à-vis de dissections de cadavres.
Cette discipline, si particulière a beaucoup souffert des mythes, superstitions, croyances populaires et religieuses qui ont jeté pendant des millénaires, l’interdit sur la dissection : « le corps humain est intouchable et sacré si l’homme à sa mort veut ressusciter ou gagner le monde qui lui est promis, il doit conserver une enveloppe charnelle intacte ». Face à ce dictât, venu du fond des âges et maintenu par les religions, le médecin fut dans l’obligation, pour le contourner, de se réfugier dans la dissection animale et émettre des opinions erronées, transmises et répétées durant des siècles.
Dans son ouvrage « De Humani Corporis Fabrica Libri Septum » basé sur l’observation humaine André Vesale, célèbre Professeur de Padoue, ancien étudiant de Montpellier qui donna à l’Anatomie ses lettres de noblesse affirma que l’anatomie de l’homme ne pouvait se construire qu’à partir de la dissection minutieuse de son corps et non de celui des animaux.