L’anatomie qui, de 1593 à 1792 avait été associée à la botanique, va à partir de 1794 être jumelée avec la physiologie. Cette dernière science s’était individualisée antérieurement mais pas au point d’avoir une chaire propre. La physiologie était considérée comme un complément naturel de l’anatomie. On étudiait un organe pour en connaître sa structure et savoir à quoi il servait. Il faudra attendre quelques années pour que soit attribuée à la physiologie une chaire à part entière (1824). La chaire d’anatomie et de physiologie eut comme titulaires successifs Charles Louis Dumas et Lordat.
Charles Louis Dumas (1765-1813), à, qui fut confiée la chaire d’Anatomie et de Physiologie, de 1794 à 1813, fut un des esprits les plus distingués de son temps, et, il apporta dans l’étude des deux sciences qu’il était chargé d’enseigner un esprit également supérieur. Dumas, par sa méthode scientifique, par son goût pour les expériences, méritait d’être considéré comme un physiologiste de talent. Il fut un anatomiste de valeur. Il suffit, pour s’en convaincre, de parcourir son Système Méthodique de Nomenclature et de Classification des Muscles du corps humain. Sa nomenclature n’a pas été adoptée, mais, pour l’établir, il fallait bien connaître les insertions musculaires (1797). À l’exemple de Chaussier, il propose de désigner les muscles non plus par les anciens noms souvent étranges, mais par des phrases descriptives dans lesquelles rentrent toutes les attaches de ces muscles ; les phrases commencent par les noms d’attaches fixes et se terminent par ceux des points mobiles. Quelques exemples : le deltoïde s’appelait « sous acromio-clavi-huméral » ; le masséter » zygomato maxillaire » le grand oblique de l’œil » muscle optico-trochléi-scléroticien « . Toutes ces dénominations sont très exactes, mais de telles nomenclatures ne sont jamais restées dans le langage anatomique courant, car, pour retenir ces noms, il faut déjà connaître les muscles qu’ils désignent. N’importe, cette tentative démontre que Dumas était un anatomiste minutieux et attentif, tandis que ses autres écrits prouvent qu’il avait un esprit philosophique vaste et étendu.
Lordat (1773-1870), qui était professeur de médecine opératoire depuis 1811, lui succède en 1813, et garde la chaire d’Anatomie et de Physiologie jusqu’en 1824. À cette date, cette chaire fut dédoublée. Il enseigne comme professeur de 1811 à 1860, pendant un demi-siècle. Il occupe une grande place dans l’histoire de notre école, dont il a été longtemps reconnu comme le représentant le plus autorisé au point de vue doctrinal et philosophique. Il peut être considéré comme le chef du vitalisme Montpelliérain. Quoiqu’il nous ait laissé » l’Anatomie du Singe Vert « , “il avait peu d’aptitude pour les études anatomiques. En 1824, il obtient de ne plus enseigner que la physiologie et un nouveau professeur est nommé en anatomie. Paris désigne un médecin de la marine, Joseph Marie Dubrueil qui y enseignera pendant 29 ans.