Le premier, Michel Chicoyneau (1626-1701) était parent de Martin Richer de Belleval, qui l’avait choisi pour son survivancier. C’était un personnage hautain, impérieux et violent, s’acquittant de ses fonctions avec exactitude, sans aucun talent supérieur (Astruc) ; grâce à la protection de Valot, premier médecin du roi, il put faire nommer successivement ses trois fils professeurs dans sa chaire. Le premier, Michael-Amatus Chicoyneau (1689-1691), le fils aîné, eut la survivance de son père à vingt ans (1689). Il ne garda la chaire qu’une année et mourut en 1691(noyé dans le Lez).
Le second, Gasparetus Chicoyneau (1673-1693), le troisième fils de Michel, eu l’héritage de son frère en 1691, à 18 ans, mais il mourut l’année suivante (1692).
Le troisième, Françiscus Chicoyneau (1672-1752), qui était le cadet, et qui succéda à son frère à l’âge de vingt et un ans, eut une longue et brillante carrière (1693-1752). Astruc nous apprend qu’il était bien fait, avait un air noble et prévenant, doué d’une mémoire très heureuse, qu’il récitait de bonne grâce ses leçons qu’il apprenait par cœur et que, quoiqu’il ne fut ni un anatomiste, ni un botaniste de premier ordre, il charmait tout le monde. Grâce à ces qualités, Françiscus Chicoyneau eut une très grande clientèle. » Tout le monde s’empressait à avoir pour médecin un homme qui était conseiller à la Cour des aides, chancelier de la Faculté, très assidu auprès de ses malades, et qui ne voulait point d’honoraires « . Sa réputation était fort grande, et, en 1720, lorsque Marseille fut désolée par la peste, il fit partie de la délégation médicale qui fut envoyée de Montpellier pour combattre le terrible fléau. Peu après son retour, il fut appelé à la cour comme médecin des enfants de France, et devint enfin premier médecin du Roi, poste qu’il occupa avec honneur jusqu’à sa mort, en 1752 âgé de 80 ans.
Pendant le long séjour à Paris de Françiscus Chicoyneau, la chaire d’Anatomie et de Botanique eut deux nouveaux titulaires : le premier fut, par droit de naissance, Aimatus-Françiscus Chicoyneau, qui occupa la chaire de son père de 1723 à 1740, époque de sa mort. A ce moment, le fils de ce dernier, Joan Françiscus Chicoyneau, n’avait que trois ans : il n’en fut pas moins nommé titulaire de la chaire d’Anatomie et de Botanique (13 octobre 1740), et l’on attendit patiemment qu’il eût 21 ans pour l’y installer, en 1758. Il mourut au bout d’un an, en 1759, sixième et dernier représentant de la dynastie des Chicoyneau.Il eut pour successeur Jean-François Bert, qui fut remplacé en 1766, par Gouan (1733-1821).
Il est indéniable que cette période n’est point faite pour nous enorgueillir ; indéniable aussi que les professeurs d’anatomie et de botanique ont peu fait pour l’Anatomie. Au fond, est-ce bien étonnant ? Comment exiger que le même homme se distingue dans deux sciences d’objet si dissemblable ? N’est-il pas vrai que chaque fois qu’une seule personne est chargée de deux enseignements, l’un des deux est négligé, quelquefois tous les deux ? Et, enfin, que dire de cet étrange régime des survivances, qui pouvait maintenir une chaire dans la même famille pendant des siècles.Si le concours avait été appliqué, comme le voulait l’ordonnance de 1498, nul doute que les chaires n’eussent été conquises par des hommes compétents, aimant la science qu’ils auraient été chargés d’enseigner, capables de lui faire réaliser des progrès.